Les enjeux frontaliers dans les Balkans :

les cas de la Bosnie-Herzégovine et du Kosovo

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Intervenante : Madame Zeljana ZOVKO, Députée européenne.

Modératrice : Mathilde GOUTORBE, stagiaire PFUE et international à la DGESCO du MENJS.

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Regards d’experts

Željana ZOVKO,députée européenne

Yves Saint-Geours, ancien ambassadeur

La synthèse des élèves

  • Les Balkans: enjeux européens –intervention de Željana Zovko, députée européenne

Devenus ou redevenus indépendantsdans un contexte de guerre pendant les années1990, les pays des Balkans sont délimités par des frontières qui sont vectrices de tensions, entre des peuples aux religions et nationalités différentes. Une réelle paix et une unification sont actuellement des objectifs difficiles à atteindre dans les Balkans.

En Bosnie-Herzégovine, le pays est administré par deux entités autonomes: la fédération de Bosnie-Herzégovine et la République serbe de Bosnie depuis les accords de Dayton de 1995. En outre, le district de Brcko a été créé en 1999 à partir de terres des deux entités. Actuellement, les tensions sont vives en Bosnie-Herzégovine. En effet, l’élu serbe à la présidence tripartite du pays, Milorad Dodik, a fait adopter le 10décembre par le Parlement de Banja Luka des résolutions qui impliqueraient unesortie des institutions bosniennes. De ce fait, Milorad Dodik, menace de recréer des institutions bosno-serbes parallèles, notamment une armée. Ainsi, l’enjeu actuel est de retrouver l’unité en Bosnie-Herzégovine afin d’éviter qu’un nouveau conflit éclate. Il en va de la sécurité pour l’ensemble du continent européen car l’instabilité des Balkans peut avoir des répercussions auprès des pays membres de l’UE.

D’autre part, des tensions frontalières existent également entre la Bosnie-Herzégovine et la Croatie. En effet, dans la région de Neun de Bosnie-Herzégovine, où habite une large communauté croate, la Croatie a construit un pont permettant d’assurer une continuité territoriale à l’Etat croate. Cependant, la construction du Pont de Pelješac a provoqué des tensions entre les deux Etats car la Bosnie-Herzégovine critique le fait que le Pont de Pelješac limite le commerce et les circulations maritimes. Néanmoins, il est important de savoir que le port de Neun est un petit port et non un grand port de commerce maritime pouvant accueillir des grands bateaux de commerce.

Egalement, la question du Kosovo est une problématique centrale dans la zone des Balkans. L’enjeu est de normaliser les relations entre les Serbes et les Kosovars afin d’assurer la stabilité et la sécurité dans les Balkans. Une solution envisageable pour normaliser les relations serait de mettre en place un système décentralisé.

Enfin, un des enjeux importants pour assurer la sécurité et la stabilité à cet espace est d’offrir à la jeunesse un cadre de vie propice au développement économique et sociale des Etats des Balkans qui se vident de leur population en raison du manque d’opportunité d’emploi et du peu d’espoir existant envers l’avenir.

L’Union Européenne doit rester active dans la zone desBalkans afin de ne pas laisser la place à d’autres puissances tel que la Turquie et la Russie. En outre, l’UE a mis en place des instruments financiers pour aider les Balkans occidentaux, notamment pour la construction de grandes routes et corridors facilitant les circulations.

  • Histoire de l’indépendance de la Bosnie-Herzégovine

La Bosnie-Herzégovine est issue de l’ancienne Fédération des Républiques Socialistes de Yougoslavie qui s’est disloquée en 1992. Ce phénomène fut suivi par plusieurs conflits des nations des Balkans. Ces conflits ont plusieurs causes. Nous pouvons mentionner l’une d’entre elles: les Etats de Yougoslavie avaient le droit selon la constitution yougoslave de 1974 de quitter la fédération en effectuant les élections indépendantes. Mais les frontières desnouveaux états ont respecté l’administration d’avant la guerre et donc n’ont pas respecté des nationalités présentes. Une autre source des tensions résidait dans le fait que les Serbes, avec pourchef communiste Slobodan Milosevic, ont voulu dominer lesBalkans.

L’indépendance générale de la Bosnie futaccomplie par le référendum. Mais, les Serbes bosniaques ont voulu l’indépendance, ce qui fut refusé par Sarajevo. Par conséquent, les Serbes bosniaques se sont manifestés d’une manière impitoyable. Cette agression était soutenue par la Fédération Serbe. Des camps de prisonniers ont été créés et les Serbes ont purgé le territoire bosniaque. La réaction des Nations unies était insuffisante et les forces de maintien de la paix de l’ONU étaient faibles car ils ont offert seulement le soutien humanitaire.L’agression des Serbes donc continuait. En 1994 c’est l’OTAN qui estintervenu pour garder les villes. L’OTAN a détruit quatre avions serbes eta utilisésurtout la force aérienne. Néanmoins,ce n’est qu’en 1995 quela situation s’est apaisée. Les accords de Dayton, signés le 14 décembre 1995 à Paris ont mis fin aux combats. Ces accords prévoient une partition de la Bosnie-Herzégovine à peu près égale entre la fédération de Bosnie-et-Herzégovine (croato-bosniaque) et la république serbe de Bosnie (RepublikaSrpska). Mais les tensions sont présentes aussi à nos jours en 2022. Nous pouvons aujourd’hui observer un conflit entre les nationalistes serbes mené par Milorad Dodik et le gouvernement bosniaque. Les nationalistes veulent l’indépendance de la Republika Srpska et ils sont soutenus par les Etats comme la Russie et la Biélorussie. On voit donc la volonté de Moscou de déstabiliser la région et par conséquent d’empêcher l’adhésion de la Bosnie à l’UE, car il s’agit d’un pays candidat. Nous avons donc présentél’histoire de la Bosnie et abordé les thèmes récents en expliquant des désaccords présents. Passons maintenant à la position de l’UE et les solutions possibles…

  • Quelle est la position de l’UE par rapport à l’intégration de la Bosnie-Herzégovine ?

En Février 2016, la Bosnie a fait parvenir sa demande d’adhésion à l’UE. Cependant, certains problèmes empêchent son adhésion comme la souveraineté nationale qui limite la capacité à négocier ou à conclure des rapports avec l’UE. Il y a également la réticence d’une minorité nationale Serbe à intégrer un état commun. Ce problème de souveraineté ne se limite pas seulement à la Bosnie mais aussi au Kosovo. En outre, il existe une absence d’identité commune au sein des différentes communautés qui composent la Bosnie empêche les entités bosniaques de se mettre d’accord sur le choix des représentants de l’État. Pour l’UE il est donc difficile d’accepter cette demande car il y a une absence de motivation et d’appropriation qui par conséquent empêche le dialogue et lesnégociations. De plus, les institutions politiques qui constituent l’État ne s’accordent pas sur une vision politique commune.Pour conclure, la question l’intégration de la Bosnie est compliqué car l’UE ne sait pas encore si la Bosnie serait un partenaire crédible pour résoudre des problèmes économiqueset sociales majeures.

  • Si l’Union Européenne acceptait l’adhésion d’un pays balkanique, est-ce que cela constituerait une nouvelle source de tension entre les pays des Balkans ?

Nous le savons, le tracédes frontières des pays balkaniques, plus particulièrement d’ex-Yougoslavie sont vecteurs de problèmes dus soit à cause des ethnies, ou même des religions.
Une adhésion d’un pays des Balkans à l’Union européenne pourrait être une solution à ces problèmes,bien que cela soit difficile à envisager.Les Balkans sont un mélange de peuples tels que les Bosniaques, les Croates ou mêmes les Serbes. On compte ces ethnies majoritaires dans des nombreux pays de l’ex-Yougoslavie, notamment en Bosnie-Herzégovine. Une montée des tensions n’est pas souhaitable au sein des pays voisins immédiatsde l’Union. De surcroît la question d’une adhésion trop rapide à l’UE divise profondément les membres de l’Union, car plusieurs conflits et tensions subsistent encore, notamment entre la Bulgarie (membre de l’UE) et la Macédoine du Nord (candidate à l’UE). De plus plusieurs conflits internes aux Balkans comme le cas du Kosovo, ou bien la question de l’accès à la mer Adriatique (Neum en Bosnie) permettent d’affirmer qu’une adhésion d’un pays des Balkans à l’Union Européenne constituera bel et bien une nouvelle source de conflit entre les États Balkaniques.